La Dune
Un vent de terre a soufflé toute la nuit, modelant un vaste ourlet de sable sur la crête de la dune, purifiant sa surface de toute trace humaine. En ce petit matin d’avril elle évolue encore sous les bourrasques, avançant en coulées douces en direction de l’océan. Par endroits, le sable blanc est veiné de noir, scories d’un incendie récent transportées par le vent.
Le soleil parvient à percer nuages bas et brume de mer ; il illumine d’un trait de lumière le faîte de la dune ; il sublime le grain du sable par ses rayons obliques. Il est encore tôt. Pas d’être humain en vue dans ce site par ailleurs très fréquenté. Je m’attendais à un espace pilonné d’empreintes, je me trouve face à une nature vierge.
Durant toute la matinée, je baigne dans le gris argent, j’évolue dans la beauté, le regard aimanté, réjoui par ce cadeau du ciel et de la terre. Marchant vers le sud, louvoyant entre les reliefs, je fais le plein d’émerveillements et d’images. Bien que limitée en étendue, trois kilomètres environ, la dune du Pilat semble immense dès que disparaissent du champ de vision les repères de la mer ou de la forêt. Au fil des pas remontent à ma mémoire les images d’un cordon de dunes au cœur de l’Adrar, d’un lieu de bivouac près de Djanet…
Au fil des heures, le ciel se dégage; les tons se réchauffent et contrastent avec le bleu intense du ciel. Le vent ne faiblit pas et le sable poursuit son inexorable avancée. J’oscille en permanence entre plage et crête, avide de capter la blondeur du sable sur fond céruléen, multipliant les distances mais aussi les points de vue – le photographe ne connaît pas la ligne droite !
Au retour, des centaines de silhouettes minuscules se profilent à l’horizon : les visiteurs sont arrivés. Il me faudra attendre la fin du jour et espérer que le vent persiste, pour capter les couleurs dorées du soir.
Avril 2025 / Dune du Pilat / Gironde / France